3 questions à Rebecca Bolton, chef d’équipe géothermie offshore

Portrait de Rebecca Bolton, Geoscientist - Viridien

Où en est le projet de géothermie offshore depuis la rédaction de votre livre blanc en février 2024

La publication du livre blanc sur la géothermie offshore a été un moment charnière pour Viridien (alors connu sous le nom de CGG avant notre récent changement de marque). Il a servi de catalyseur pour positionner notre équipe en vue d’un dialogue ouvert avec les principales parties prenantes, y compris les décideurs politiques, les fonctionnaires, les ingénieurs, les géologues et les utilisateurs finaux.

Il nous a également fourni la plateforme dont nous avions besoin pour sensibiliser au potentiel de l’énergie géothermique offshore, en particulier dans les zones de rift, et pour engager des conversations sérieuses sur son développement futur.

Nous avons profité d’une invitation de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA) à un atelier consacré à l’exploitation minière en mer pour présenter l’énergie géothermique en mer comme une solution viable pour la production d’électricité, mais aussi comme un moyen « responsable » d’extraire les minéraux des fluides géothermiques.

Parallèlement, nous avons exploré différentes méthodes d’exploration des ressources et testé notre modèle technico-commercial afin d’en assurer la viabilité. Nous nous sommes également attachés à établir des partenariats et à former des consortiums dans les zones à fort potentiel afin d’accélérer le développement des projets.

Les dorsales médio-océaniques sont-elles les seules cibles de votre projet ou vous intéressez-vous à d’autres contextes tectoniques ?

Bien que les dorsales océaniques soient une option intéressante en raison de leur flux thermique élevé et de leur activité volcanique, d’autres contextes tectoniques peuvent également être envisagés. Les caractéristiques géologiques du site déterminent s’il est adapté au développement géothermique, mais d’autres facteurs, tels que les besoins énergétiques locaux ou le modèle économique, jouent également un rôle important dans la poursuite d’un projet.

Nous avons axé une grande partie de notre communication sur les crêtes dorsales, en particulier les crêtes océaniques, car il est important de maximiser les chances de réussite d’un projet géothermique en mer qui est le premier du genre.

Cela dit, d’autres sites, tels que les zones de subduction et les failles transformantes, les îles volcaniques actives et les monts sous-marins, peuvent également abriter des systèmes géothermiques viables. Ces zones peuvent connaître des flux de chaleur importants, bien que l’hétérogénéité géologique de ces environnements signifie qu’ils peuvent être plus complexes à explorer et à développer. Toutefois, les progrès des méthodes d’exploration, de la modélisation des réservoirs et de la technologie pourraient rendre ces environnements de plus en plus attrayants à l’avenir.

Comment localiser les gisements ?

Pour identifier et localiser les gisements géothermiques en mer, nous prévoyons d’utiliser une série de techniques d’exploration géophysiques, géologiques et géochimiques. Si la stratégie globale est similaire à celle de l’exploration géothermique terrestre, les environnements offshore peuvent bénéficier d’une imagerie sismique améliorée et de méthodes électromagnétiques à source contrôlée (CSEM). Bien que les méthodes sismiques puissent être utiles pour caractériser certains types de zones terrestres, leur coût élevé et les difficultés d’imagerie limitent souvent leur utilisation fréquente. En tirant parti des techniques sismiques offshore avancées, nous visons à réduire l’incertitude sur les ressources et à améliorer les chances de succès géologique, ce qui peut avoir un impact substantiel sur l’économie des projets.

Les études sismiques sont essentielles pour cartographier les structures souterraines, telles que les systèmes de failles et les sources de chaleur, ce qui nous aide à visualiser les réservoirs géothermiques potentiels. En outre, le CSEM pourrait jouer un rôle dans l’identification des variations de résistivité du sous-sol, qui peuvent signaler la présence de fluides géothermiques. Cette méthode pourrait être particulièrement utile en mer, où elle permettrait de différencier les fluides géothermiques conducteurs de la roche environnante, augmentant ainsi les chances de réussite des efforts d’exploration.

Nous pourrions également intégrer des levés magnétotelluriques (MT), des données gravimétriques et des mesures de gradient de température afin d’affiner notre compréhension du sous-sol. Ces techniques, associées à l’échantillonnage géochimique des fluides, pourraient fournir des informations essentielles sur la température, la composition des fluides et le potentiel global d’un réservoir géothermique.

Bien que l’imagerie sismique reste le principal objectif en mer en raison de l’absence d’indicateurs de surface et de son taux de réussite avéré dans l’imagerie des composants clés de la zone, la combinaison de la sismique, du CSEM et d’autres méthodes nous permet d’obtenir une image complète des zones géothermiques potentielles. Cette approche intégrée nous permet de cibler efficacement les zones les plus prometteuses pour la poursuite de l’exploration et du développement.