Hydrogène naturel : 3 questions à Isabelle Moretti

Portrait d'Isabelle Moretti, spécialiste de l'hydrogène naturel

Isabelle Moretti dirige une équipe dédiée à l’hydrogène naturel à l’université de Pau et des pays de l’Adour (UPPA). Elle est membre du conseil d’administration d’EartH2 qui fédère l’industrie européenne de l’hydrogène.

D’abord, un nombre croissant de pays mettent l’hydrogène dans leurs lois du sous-sol. Rien qu’en Europe, c’est ce qu’ont fait la France, la Pologne, le Kosovo, la Serbie et la Finlande. On observe par ailleurs une accélération importante des explorations, notamment aux États-Unis. Le dynamisme de l’entreprise Koloma, qui a fait dernièrement plusieurs levées de fond successives pour un total de 350 millions de dollars alors qu’elle était jusqu’à présent très discrète, est à mon sens, assez emblématique. Autre fait marquant : fin août dernier, cinq entreprises ont répondu à l’appel d’offres mis en place par le ministère de l’Énergie philippin pour l’exploration d’hydrogène naturel. Mais le game changer, c’est vraiment que les grandes compagnies pétrolières d’État, comme Ecopetrol (Colombie) ou Petrobras (Brésil), s’intéressent au domaine. Avec leurs moyens financiers et leurs compétences en matière de forage, cette implication pourrait constituer un tournant pour l’hydrogène naturel.

Très bien, on a fait le plein, puisque nous avons a vendu plus de tickets qu’il n’y a de places ! Ensuite, par rapport aux éditions précédentes, nous avons constaté que beaucoup plus de pays différents étaient représentés. Avant, les participants venaient surtout d’Europe, des États-Unis et de l’Australie. Cette année, on a des acteurs venant du Maroc, de l’Égypte, des Philippines, du Kazakhstan, d’Indonésie, d’Arabie Saoudite ou du Moyen-Orient. C’est un signe fort.

Les acteurs de l’hydrogène naturel ont besoin d’outils et de logiciels spécifiques. Or on utilise les mêmes logiciels depuis 40 ans ! Ceux-ci ont, certes, été améliorés au cours du temps, mais ils restent très coûteux (environ 500.000 euros avec toutes les options). Il y a donc de l’espace pour développer des logiciels avec des langages plus modernes, qui soient à la fois performants — permettant par exemple d’agréger différents types de données — et qui ne coûtent pas trop cher. Les startups n’ont pas les mêmes moyens que les entreprises pétrolières !