Montpellier plonge dans la géothermie dès à présent

« La surdouée », nouvelle locomotive de la géothermie en France ? C’est bien ce que laisse penser la présence dans la ville de plusieurs projets visant à exploiter la chaleur du sous-sol. 

Montpellier semble bien engagée sur le chemin vers la neutralité carbone en 2050 !

Début mai 2024, Michaël Delafosse, président de Montpellier Métropole et maire de Montpellier, a inauguré la plus grande centrale géothermique sur nappe de France, « l’un des sites de géothermie les plus importants du pays » selon lui. 

Cambacérès : le choix de la géothermie sur nappe phréatique

Implantée dans le nouveau quartier Cambacérès dédié à l’innovation (lire encadré), cette installation fonctionne grâce à deux forages pompant environ 300 m3 d’eau par heure dans une nappe souterraine située à 180 mètres de profondeur. 

Le système comprend des pompes à chaleur réversibles capables de produire de la chaleur en hiver (chauffage) et de la fraîcheur en été (climatisation). L’eau chaude et l’eau froide sont distribuées par des réseaux enterrés alimentant les 450 000 m2 de bâtiments. 

L’eau pompée est ensuite intégralement restituée à la nappe souterraine, sans modification de ses caractéristiques naturelles ni de sa température sur une année. « On est sur un procédé qui est vraiment sans impact pour la nature, avec de l’eau en circuit fermé », précise Frédéric Cauvin, le directeur général adjoint en charge de l’énergie, chez Altémed, l’aménageur de la Métropole de Montpellier qui a géré ce projet. 

À terme, cette centrale devrait éviter l’émission de 1 250 tonnes de CO2 chaque année (5 fois moins qu’un système électrique et 8 fois moins qu’un système au gaz). Lauréate de l’appel à projet national « Nouvelle technologie émergente », elle a coûté 17,5 millions d’euros et a été financée à hauteur de 4,6 millions d’euros par l’ADEME, l’agence de la transition écologique.  

Cambacérès : un projet immobilier dédié à l’innovation et aux métiers du digital
Situé à proximité de l’A9, entre Odysseum et la gare Sud de France, adossé au poumon vert du Parc de la Mogère, le nouveau quartier de Cambacérès s’étale sur 42 hectares. Ce site « résolument engagé vers la transition énergétique » est destiné à devenir un centre de référence pour l’économie numérique. Il accueillera de 450 000 m2 de bâtiments d’entreprises du tertiaire (numérique, innovation, banque…) et d’établissements d’enseignement supérieur, dont une halle de l’innovation de plus de 8000 m2 incubant des start-ups du numérique rattachées à la French Tech Méditerranée.

Géothermie sur sondes à l’Agro 

Un autre projet de géothermie, cette fois sur le site de l’Institut d’Agronomie de Montpellier, est en cours de construction. Cette fois, la centrale ne fonctionnera pas sur nappe phréatique, mais avec des sondes géothermiques. 

Au nombre de 44, celles-ci seront placées à 190 mètres de profondeur pour capter la température du sol située à 14 °C toute l’année. L’objectif de l’installation est de couvrir 90 % des besoins en chauffage et 76 % des besoins en climatisation du Campus de la Gaillarde (20 hectares comprenant 650 studios étudiants, des salles de cours pour 1700 étudiants et de nombreux labos de recherche), soit plus de 9000 MWh/an. 

Le projet devrait permettre de diminuer de moitié l’empreinte carbone des émissions liées au chauffage et à la climatisation qui étaient, jusqu’à présent, assurées par du fioul. 

Une troisième installation de géothermie, également sur champ de sonde, a été mise en service fin 2018, à l’initiative du Conseil départemental de l’Hérault, pour améliorer les performances énergétiques de l’Hôtel de département, du Domaine d’Ô, des Archives Pierresvives et de la Maison départementale des sports de Montpellier. Cette centrale fonctionne grâce à 48 sondes placées à 150 mètres de profondeur, où règne une température constante de 17 °C. Celles-ci absorbent la chaleur qui sera ensuite valorisée grâce à une pompe à chaleur réversible alimentant les bâtiments en chaleur l’hiver et en fraîcheur l’été. Ce projet permet d’éviter près de 300 tonnes de CO2 chaque année et de faire 26 % d’économie d’énergie.

L’université Montpellier 2 en phase exploratoire

Par ailleurs, un ancien forage de 160 mètres de profondeur produisant une eau à 30 °C est présent sur le campus de Triolet. Il correspondrait à une anomalie thermique résultant de remontées d’eaux profondes à travers une couche de calcaire coincée entre des formations imperméables. Plusieurs chercheurs s’y intéressent à travers le projet TrioThermo qui pourrait aboutir à la mise en place d’une installation de géothermie sur le campus. 

La production de chaleur par géothermie ne représente à ce jour que 1 % de la production totale de chaleur en France. Ces premiers pas prometteurs sur la route de la transition énergétique, pourraient donc faire de Montpellier une ville exemplaire !